Peste carbonique

L’expression « peste carbonique » est présente dans le manuscrit non signé « Jeunesse I », qui sera publié dans le recueil non autorisé Illuminations.

Grâce à une recherche d’occurrence sur le site Gallica, (recherche effectuée par le blog « Rimbaud Ivre ») l’expression « peste carbonique » est retrouvée dans deux livraisons du journal Le Temps. A la date du 9 mars 1874, on lit en effet :

« La peste en Mésopotamie. – M. le docteur Tholozan adresse un mémoire dans lequel il trace l’histoire de la peste carbonique en Mésopotamie »

Il s’agissait assurément d’un lapsus pour « peste bubonique » puisque dans le même journal, daté du 16 mars, le lapsus est reconnu :

« En parlant, dans notre dernier compte rendu de la peste étudiée en Mésopotamie par M. Tholozan, il s’agissait de la peste bubonique et non de la peste carbonique. ».

Il restait à se demander : comment l’auteur du texte « Jeunesse I » a-t-il eu accès à cette coupure, si telle est bien la source ?

On sait qu’Arthur Rimbaud se trouve en Angleterre en mars 1874 puisque la lettre de Germain Nouveau du 26 mars 1874 nous apprend que ce dernier s’y trouve en compagnie de l’auteur d’Une Saison en enfer. Rimbaud était-il à Paris en mars ? On ne peut pas le savoir. Par contre, il semble certain que Nouveau y était, puisque sa lettre semble évoquer un départ soudain, apparemment pour rejoindre son nouvel ami.

Le périodique Le Temps, du 9 mars 1874, a dû être consulté à Paris. Qui cette brève pouvait-elle intéresser ?

La référence à la Mésopotamie est une piste pour répondre à cette question.

Germain Nouveau s’intéressait à cette époque à la Mésopotamie et à Ninive. Cet intérêt apparaît, entre autres, dans les Notes parisiennes, notes assurément contemporaines (voire antérieures, si l’on en croit leur titre) aux textes recueillis sans autorisation sous le titre Illuminations :

– dans la section 1, Nouveau écrit : « l’œuvre d’un coiffeur de Ninive » (ancienne ville de l’Assyrie dans le Nord de la Mésopotamie) ;

– dans la section 3, Nouveau écrit : « Elle rend le salut au duc de la Mésopotamie ».

Comme le démontre efficacement Pierre-Olivier Walzer dans son édition, sortie du catalogue de La Pléiade (p. 1214), Nouveau s’était informé précisément au sujet de la Mésopotamie.

Qu’il relève, avant son départ pour Londres pour rejoindre Rimbaud, une brève ayant trait à la Mésopotamie n’est donc nullement surprenant.

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